CHAMBRE À BROUILLARD est une exposition collective à la croisée de l’art et des sciences conçue par Olivier Dadoun physicien/informaticien au Laboratoire de Physique Nucléaire et de Hautes Énergies IN2P3-CNRS/Sorbonne Université/Université Paris Cité.
Elle est visible à L’ahah Griset, Paris, du 20 octobre au 16 décembre 2023.
Six artistes plasticien.n.e.s, Juliette Agnel, Clément Bagot, Nicolas Darrot, Youcef Korichi, Alyssa Verbizh et Anne-Charlotte Yver, proposent des oeuvres en résonance avec un détecteur de particules qui a joué un rôle majeur dans l’histoire de la physique : la chambre à brouillard.
Inventée au début du XXème siècle, la chambre à brouillard a permis de bâtir tout un pan de la physique des particules avec la découverte, entre autres, de l’antimatière.
Cet appareil se présente comme une grande cuve étanche d’un mètre cube environ, emplie d’une vapeur d’alcool sursaturée et dont le fond est porté à une température extrême de -30°. Au passage d’une particule, des traces translucides constituées de milliers de gouttelettes d’alcool liquide, se matérialisent dans la machine, comme des nuages en suspension dans un ciel très pur. En fonction de la forme, de l’épaisseur et du temps d’évanescence de la trace, on peut identifier le type de particule détectée. Certaines d’entre elles sont issues d’événements astrophysiques très lointains. Autrement dit, la machine donne à voir la trace d’événements parfois très anciens mais qui ne sont détectables sur Terre qu’aujourd’hui en raison de la distance qui nous en sépare.
Aux oeuvres des six artistes s’ajoutent, outre la chambre à brouillard, des objets scientifiques prélevés dans les réserves du LPNHE, notamment des plaques et pellicules photographiques présentant des traces de chambre à bulles.
On y découvre aussi le film Fujisan, le Mouvement des Nuages d’Abe Masanao (1928) diffusé dans l’exposition avec l’aimable autorisation du Musée de l’Université de Tokyo (UMUT).
L’exposition est ponctuée d’événements transdisciplinaires:
Conférence d’Emilie Habart de l’Institut de l’Astrophysique Spatiale, Maître de conférences à l’Université Paris-Saclay, à propos du télescope spatial James Webb le 30/11/2023.
Conférence d’Olivier Beyssac de l’Institut de Minéralogie, de Physique des Matériaux et de Cosmochimie , à propos de Mars et de la mission Persévérance le 25/11/2023
Soirée de projection de films autour de la thématique Art & Sciences 100ECS organisée avec le concours de l’association SensoProjekt : La Réponse de la Terre de Giulia Grossman (20′, 2020), Planet A de Momoko Seto (8′, 2008) et Cosmorama (21′, 2017) d’ Hugo Deverchère. Projection suivie d’une discussion modérée par Alyssa Verbizh. Le 21/11/2023.
Commissariat
Olivier Dadoun est physicien/ informaticien au Laboratoire de Physique Nucléaire et de Hautes Énergies (IN2P3- CNRS/Sorbonne Université/Université de Paris). En 2003, il présente sa thèse de Doctorat en physique des particules sur la Mesure des neutrinos de réacteurs nucléaires dans l’expérience Borexino (Laboratoire national du Gran Sasso LNGS-INFN Italie). Il participe à l’expérience de détection de matière noire Xenon au Laboratoire du Gran Sasso.
Depuis 2014, il collabore régulièrement avec l’artiste Nicolas Darrot. Les œuvres qu’ils ont conçues ensemble ont été notamment présentées à la Maison rouge – Fondation Antoine de Galbert (2016), au Voyage à Nantes (2017) ou encore pendant les Nuits de la Philosophie (2018, 2019 et 2021).
Olivier Dadoun a également collaboré avec Enrico Bertelli et Vincent Dulom, artistes de L’ahah, conjuguant astrophysique et arts visuels lors d’une conversation publique, Évanescences à L’ahah Griset, en 2022.
Image issue de « The Positive Electron » de Carl D. Anderson (mars 1933)